Je savais avant d’arriver que les rues n’étaient pas ouvertes en hiver dans mon nouveau village et que si je voulais me promener dans la région sans me ruiner pour l’avion, il me fallait une motoneige (et accessoirement, apprendre à conduire la chose!). Alors concrètement, dans le quotidien, avec grosso modo 5 mois d’hiver-pas-de-route-même-dans-le-village, ça représente quoi d’avoir la motoneige comme principal moyen de transport?

Les essentiels

• Apprendre à conduire jeune. Il n’y a pas de transport scolaire, alors le stationnement est rempli de skidoos qui appartiennent aux employés…et aux enfants! Les plus jeunes se font conduire par leurs parents, mais disons qu’à partir de 10 ans ils ont à peu près tous leur bolide pour aller à l’école. Je dis 10, mais en vrai à partir de 4-5 ans ils commencent à apprendre à conduire. Bref, ceux qui ne savent pas encore lire conduisent mieux que moi!
• Le casque…pour te protéger du froid quand tu pars longtemps. Pis encore.
• Quand tu vois ces trucs passer dans la rue, tu sais que ce sera le temps d’aller au magasin bientôt!

La nourriture arrive à St-Augustin!

La nourriture arrive à Tête-à-la-Baleine!

• Parce qu’on ne meurt pas juste en été, il est possible de transporter un cercueil avec un skidoo, Chum Sans Passeport l’a vu cet hiver.
• Le skidoo de vidanges!

Les poubelles ne se remplissent pas juste entre mai et décembre!

• Le skidoo des premiers répondants tire un genre de traîneau recouvert d’une tente bleue. C’est l’ambulance d’hiver, que je n’ai jamais réussi à photographier 😦 .
• Les policiers sont dans le village (c’est le tournoi de hockey en fin de semaine!)

• L’entretien des routes! C’est pas parce qu’elles ne sont pas ouvertes qu’il n’y a pas un minimum d’entretien. Je dis minimum…parce qu’en fait c’est bossu sur un moyen temps ce village-là en plein hiver. Du genre pas plaisant à marcher.

• C’est le moment de l’année où les gens sont libres de se déplacer facilement et à peu de frais. La route blanche relie tous les villages entre eux et permet d’être connecté au reste du Québec. Les tronçons ouvrent et ferment à différents moments selon les conditions. Cette route est entretenue par le ministère des Transports; c’est la route 138 mais en neige et glace. Il y a des loooongs bouts sur l’eau, comme des tronçons de plus de 10 kilomètres d’eau gelée(!). Assez spécial quand c’est la première fois!

La signalisation sur la Route Blanche c’est comme la signalisation sur n’importe quelle route, sauf qu’il y a des petits troncs d’arbres d’impliqués!

On arrive à Tête-à-la-Baleine!! En motoneige! 100 kilomètres à l’Ouest de chez nous. Yé! (et ayoye l’ensemble de mon corps pas habitué à être sur ce bolide aussi longtemps)

Les cocasses

• La quantité de personnes qui embarquent sur un même bolide. Trois sur le banc double et un dans le genre de porte-bagages, y’a rien là!
• Tout le stock que tu peux/dois traîner

Entre ces deux sacs, savamment « strappés » sur the machine, se trouvera bientôt une pizza congelée qui voyagera avec nous pour 40 km, jusqu’au prochain village, car le magasin sera fermé à notre arrivée, alors fallait s’acheter du souper d’avance.

• Le stationnement de l’aréna lors du tournoi de hockey et le trafic après une partie de hockey.

L’heure de pointe du samedi soir du tournoi!

• Les gens qui laissent leur skidoo rouler, comme en hiver quand tu veux que ton auto reste chaude…euh…comment j’te dirais ben ça…T’ES DEHORS. Faque arrête moi ce moteur-là quand tu rentres quelque part pour plusieurs minutes, déjà que c’est pas envirofriendly trop trop…
• Des touristes (avec des casques!) (Salut aux touristes de RAT qui ont tenté de retrouver leur chemin directement devant chez moi et que j’ai reconnus grâce à leurs casques!)
• La période de transition en fin de saison où les rues sont à moitié neige et moitié eau, donc que d’un côté ça se promène en motoneige et de l’autre en 4 roues. C’est drôle à voir, mais assurément la pire période pour les marcheurs.
• Moi et une enseignante de Tête-à-la-Baleine qui chavirons en tournant un peu trop sec pour des néophytes, devant le magasin de Tête-à-la-Baleine, alors que la nourriture vient de rentrer (donc il y a du monde!), pis que ceux qui font le podcast sur la région sont en train d’enregistrer. Sens du spectacle, quand tu nous tiens!

Après ce premier hiver, mes constats sont que 1- c’est vraiment brillant de pas ouvrir les chemins et de juste s’adapter à ce que la nature nous donne au lieu de sacrer en pelletant son entrée et en déneigeant son auto pour la 3e fois de la journée et 2- C’est moins facile à conduire que ça en a l’air, surtout dans les bosses et pour plusieurs heures en ligne (pis comme je conduis pas vite, ça prend nécessairement plusieurs heures si je veux changer de village!), alors une chance que j’ai un autre hiver à venir pour m’améliorer!

21 décembre 2017, ma première fois comme conductrice. C’était digne d’un manège brisé et je ne suis même pas certaine d’avoir atteint le 20km/h. Donc, bien que je ne sois pas encore satisfaite de mes talents de conductrice, il y a quand même une pas pire amélioration en un hiver.

P.S. C’est pas parce que je publie ça en juin qu’il y a encore des motoneiges dans les rues! Ça fait presqu’un mois que les rues sont ouvertes ici. Oui, presque. Juste presque. Le 13 mai a été la première journée où je n’ai vu aucune motoneige circuler.