Même si ce n’était pas planifié ainsi – ceci dit, ça fait un p’tit bout que chum sans passeport et moi espérions passer plus que 8 jours sur la Basse-Côte – bref même si ce n’était pas prévu comme ça, il reste que nous avons d’abord parcouru un petit 760 km vers l’est, avant de continuer 600 km de plus vers l’est un an et des poussières plus tard. Mine de rien, c’était une suite totalement logique selon moi. Et ça a probablement évité quelques petits chocs.
Donc, si j’étais passée directement de Québec à la Basse-Côte…
…je crois que je me sentirais un peu étouffée par le fait de ne pas pouvoir aller trois villages plus loin, juste pour le plaisir. Sauf que là, honnêtement, j’ai pas encore (après un si petit mois et demi) ressenti l’isolement. Genre, je ne me rends pas compte que le village n’est pas relié par la route, sauf quand par un joli dimanche après-midi, on voit une barge qui amène des voitures au village. Bon techniquement, je peux aller virer trois villages plus loin pour le fun, mais tsé, j’ai pas 1000$ d’avion ou 20 heures de bateau hebdomadaire de lousse. Ceci dit, en Minganie, j’étais une grande adepte du roadtrip sans grande raison particulière. Aller manger un club ou marcher sur une plage étaient des raisons suffisantes.

Ok, en voyant ça arriver au village, ça donne un petit indice de l’isolement de la place!
…je serais sous le choc de recommencer à dire régulièrement que je viens de Baie-Comeau. Là, c’est normal de faire mon « CV Minganie-Basse-Côte » quand je parle plus que 3 minutes et quart avec quelqu’un. Habituellement, après avoir défilé mes expériences dans le coin, on m’accorde la bénédiction de la nouvelle qui devrait s’en sortir et « toffer » plus que 3 semaines. (Ça sonne intense dit comme ça, mais à plusieurs reprises dans les derniers mois j’ai eu l’impression que mon CV régional m’aidait beaucoup. J’étais pas juste la fille qui débarquait de Québec avec un nom de famille qu’on ne voit pas dans le coin. C’est vrai que Sans passeport, c’est pas fréquent comme nom 😉 )
…j’aurais brûlé quelques ordinateurs en raison de cette satanée roulette qui dit qu’Internet a besoin de reprendre son souffle. Là, je reste -la majorité du temps, mettons- trèèès zen face à cette roulette qui nous rappelle que « haute vitesse » ça veut pas dire la même affaire partout.
…je trouverais que j’ai une suuuper vue à Saint-Augustin, ne serait-ce que par le fait de voir plus que 2 mètres carré de ciel. Sauf que là, je suis passée de la face dans l’Fleuve à la face sur la main. D’un autre côté, les méga camions qui roulent à 92 dans une zone de 50 sont plutôt discrets ici…alors que le gros trafic c’est la journée où le stock du bateau arrive au village et qu’il est donc normal de voir des lifts passer avec des palettes pleines de boîtes ou une motoneige qu’ils vont livrer directement chez les gens!
…je ne saurais pas comment gérer le fait qu’il n’y aura pas de lait ou de piments au magasin avant deux jours. En fait, à Québec, j’avais aucune torieuse d’idée sur la journée/fréquence des livraisons de l’épicerie. En Minganie, j’avais une assez bonne idée. Sur la Basse-Côte, je suis sur le web l’avancement de ma future nourriture sur le chemin qui la mène à moi. Mais comme je suis encore une débutante, des fois je me rabats sur le lait Grand Pré.
…je trouverais que cinq magasins c’est pas beaucoup, alors que là heeeyyy c’est le jackpot! Imaginez, je peux faire CINQ magasins à pied dans un rayon de 10 minutes de marche, wooow! Ça ça veut dire, que s’il n’y a pas de cheddar fort au magasin A, ben ça se peut qu’il y en ait au magasin B. (Juste le fait d’avoir l’option de parfois trouver du cheddar fort dans mon village, yeah!) Le luxe! Par contre, avoir un seul magasin dans le village ça donne l’occasion d’avoir plusieurs théâtres d’été dans une même entrée. Là, faut comme changer de salle entre les actes. (référence théâtro-villageoise, allo.) Ah pis, je trouverais ça drôle de dire magasin au lieu d’épicerie. Pas là. Il y a cinq magasins, c’est de même, c’est tout.
Ça fait 3 jours que j’y pense et il n’y pas de fin à ce texte, soit parce que je pourrais continuer de sortir des exemples qui prouvent la logique de la transition ou alors parce que ça ne fait tellement pas assez longtemps qu’on est dans le nouveau village pour avoir une vraie vision de la chose. Hum…
On s’en reparle dans un an!
J’adore tes textes ! C’est la vraie de vraie réalité ici que les gens de la ville ne pourraient pas s’imaginer… faut le vivre pour le croire ! Bon séjour!